En vérité, cet ouvrage est né le 22 février 2002, dans la nuit. Ce jour historique, n'ayant pu entrer dans le stade de Mahamasina où se déroulait l'investiture du Président Ravalomanana, et ayant erré aux alentours toute la matinée, je me suis décidée à rejoindre des amis. J'ai rencontré chez ces derniers des Malgaches, mais aussi des étrangers de différentes nationalités. Le grand débat y était, bien sûr, axé sur les conjonctures politiques, en général, et l'investiture du Président, en particulier. Je confesse être assez irritable surtout confrontée à la bêtise et aux calomnies. C'est ainsi qu'en réponse aux haussements d'épaules et aux répétitions sarcastiques du terme "Président de la rue" collé au nom du Président de la République, j'ai réagi plutôt violemment, et ai exprimé le défi que les Malgaches porteront leur Président jusqu'au palais présidentiel. Une véritable prophétie de ma part, car je ne possède pas la science de la divination, et loin d'être convaincue, pas encore, qu'il ne faut pas avoir peur mais croire simplement.
J'ai ainsi commencé ce livre dans la nuit du 22 février 2002, et ne me suis arrêtée que le 23 Juillet 2002. Je voudrais souligner que mon ouvrage n'est pas le portrait ou la biographie du Président de la République de Madagascar. Il est composé de narration, de réflexions et d'analyses des événements exceptionnels, dangereux ou heureux, qui ont jalonné la trajectoire de Marc Ravalomanana et du peuple malgache, de la Place du 13 mai au palais présidentiel d'Ambohitsorohitra. Un si court parcours si l'on se limite au nombre de pas qui séparent ces hauts lieux de notre histoire. Un long itinéraire de combat et de gloire si l'on projette l'image de toute une nation unie dans un même élan vers la renaissance et la dignité.
J'attire l'attention du lecteur sur la présentation insolite de cet ouvrage composé de quatre opuscules juxtaposés les uns aux autres. L'explication est simple : je pensais. espérais, faire paraître chaque opuscule d'environ quarante pages chacun, au fur et à mesure de mon écriture, afin que le lecteur puisse suivre les temps forts et ressentir les moments périlleux que nous vivions alors. C'était utopique car l'édition de ces opuscules, si elle était faite à Madagascar, serait dangereuse pour l'éditeur, c'est du moins ce que m'a assuré celui que j'ai contacté. Quant aux maisons d'édition internationales, même la première démarche, celle du contact préliminaire, était déjà un grand problématique. Néanmoins, j'ai gardé l'originale configuration textuelle afin que les frontières temporelles d'un opuscule à un autre soient respectées, et, surtout, afin que mes sensibilités et mes émotions de chaque moment restent présentes.
Pourquoi, pour qui cet ouvrage ? Non, certes, pour les savants et les érudits, mais pour témoigner au monde et pour les générations à venir de la petite portion de race humaine d'où je suis sortie.